Terciera, entre volcanologie et Tourada

Nous quittons à regrets Sao Jorge pour l’île de Terciera. 55 milles séparent Velas d’Angra de Heroismo, le dernier port ou nous relâcherons avant notre retour en France. Peu de vent ce jour. Nous longeons Sao Jorge au moteur + génois, puis envoyons la grand-voile à la pointe de l’île en mettant le génois en ciseaux. Nous avançons bien, mais ça ne dure pas et nous devons remettre le moteur pour toute la fin de la route. Il y a du courant entre les îles, du bouillon même et notre voyage se révèle très désagréable. C’est donc avec plaisir que nous entrons dans le Port d’Angra après avoir enroulé le Monte Brasil, accompagné par quelques dauphins.

Terceira

L’accueil au port est très sympathique. Il ne reste malheureusement qu’une place au bout du ponton G sur catway, place jugée très désagréable par le personnel du port qui nous promet de nous prévenir dès qu’une place pouvant nous accueillir se libère. Ils ont diablement raison ! Nous bougeons dans toutes les directions sur cet emplacement et malgré les nombreuses gardes installées, la petite houle de sud rentre dans le port, rebondit sur le quai et le ressac revient sur le ponton. Notre première nuit est saccadée et nous entendons les amarres se tendre et se détendre. Le lendemain matin, je retourne voir le capitaine du port et il nous trouve un place dans le fond de la marina, où la houle ne rentre pas. Nous nous y engageons mais la place est très étroite et c’est aux forceps que nous rentrons Méléos entre le catway et un Southerly 49, notre nouveau voisin… Ouf, les prochaines nuits seront meilleures que la dernière. Nous découvrons également Marylou sur le quai du port, Daniel Peponnet, notre routeur et oncle de Marine, a fait mettre son bateau sur le quai au retour de la transat retour en doit revenir vers le 15 août naviguer aux Açores. Marylou, c’est le fil rouge de notre voyage, nous l’aurons croisé à Madère, accueilli en Martinique et recroisé à Terceria.

Nous découvrons le lendemain la ville d’Angra de Heroismo, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, et c’est tant mieux ! La ville est vraiment très belle, malgré la marina et un hôtel qui la défigurent un peu. Changement de décor pour cette dernière île, 56 000 habitants. Comparée aux autres visitées, il y a surpopulation (moins de 15 000 habitants par île) ! Grande différence, les maisons sont colorées et non plus monochromes, les haies entre les champs n’ont que très rarement des hortensias, il y a des petites chapelles colorées partout et les taureaux sont les rois de l’île.

Nous déambulons dans la ville avec plaisir, le parc central est extraordinaire dans sa composition et sa topographie. La place devant l’entrée principale du parc est également un grand bonheur, un énorme araucaria est ceinturé à sa base par une cabane en bois faisant office de café, j’y passerais quelques heures pour mettre le site internet à jour en sirotant une petite bière ou deux… wifi gratuit à volonté dans de nombreux endroits de la ville.

Après la visite du parc, nous continuons notre balade dans les rues et filons vers le parc du Monte Brasil afin de revenir vers le port en profitant de la vue sur la mer. Les remparts de l’ancien fort regorgent de jeux pour enfants et d’ateliers de fitness.

Nous réussissons à louer une voiture pour deux jours et à notre grand étonnement, on nous donne une voiture neuve, sans contrat de location, sans empreinte bancaire, la confiance règne… En même temps, on ne va pas s’échapper de l’île… Cette première journée sera riche car nous envisageons de faire le tour de l’île et faire un peu de volcanologie. Nous devons accueillir en soirée Mariposa et aller tous ensemble voir une Tourada a corda (un laché de taureau en pleine ville) le lendemain soir.

Notre excursion nous porte tout d’abord vers Praia de Vitoria où nous retrouvons Eoliane au mouillage. Petite ville balnéaire avec une belle plage de sable noir. Toujours des édifices religieux en quantité et qualité. Nous montons ensuite à la Serra do Cume où une vue à couper le souffle s’offre à vous. Une vue à 180° sur la vallée dans une immense caldeira. le vent lèche les parois de la vallée et accélère en remontant : décoiffant.

Nous partons ensuite vers les site de Volcanologie, en faisant un petit arrêt sur le golf de l’île. En discutant sur place, nous apprenons que le golf a été construit par et pour les américains qui occupaient la base militaire près de Praia de Vitoria. Pas d’architecte célèbre pour ce parcours mais l’ensemble, pour ce que l’on en a vu, semble très paisible et verdoyant. Cela dit, ça ne doit pas être très compliqué de faire pousser du gazon ici… Nous filons ensuite vers les sites volcanologiques en commençant par Furnas do Enxofre, fumeroles soufrées sortant de terre. Un parcours aménagé permet d’en faire le tour, il y a même des aires de pique-nique, mais l’odeur du soufre (oeuf pourri) nous ne tente pas trop…Nous filons donc vers la grotte de Natal. Elle n’est pas encore ouverte et nous décidons de pique-niquer aux abords du petit lac dans la nature puis d’aller jeter un oeil rapidement à la baignade naturelle de Biscuitos avant de revenir faire la visite.

La Grotte de Natal est une coulée de lave qui a refroidit sur son enveloppe extérieure. la lave s’est figée en périphérie et l’intérieur a continué à s’écouler, ce qui a créé une galerie longue d’environ 700 m. On y accède par un petit bâtiment situé sur son milieu et nous pouvons cheminer sous terre avec un casque de sécurité. Pas de risque d’éboulement sur les parties visitables, mais si vous heurtez la lave, vous aurez plus mal qu’elle ! Le refroidissement s’est fait en plusieurs étapes et la roche présente des plis et replis très curieux.

Nous continuons nos pérégrinations volcaniques en nous dirigeant vers Algar do Carvao, un site incroyable. Il s’agit d’une cheminée de volcan qui s’est vidée en fin d’activité. Un lac en occupe le fond et les voûtes sont splendides. La végétation a conquis les parois qui reçoivent encore un peu de lumière, l’origine des murs végétaux en somme.

Nous profitons de la voiture pour faire nous courses pour la dernière traversée. Grosse ville = gros supermarché, ça ne nous manquait pas … retour au port pour tout décharger … Nous sommes rincés ! Mariposa arrive au port en début de nuit, nous lui avons réservé une place aux petits oignons en face des sanitaires, et nous le guidons pour éviter les écueils. Nous recroisons également Thomas de Mustique qui partir le lendemain vers Sao Miguel.

Petite journée tranquille à suivre. Mariposa profite de la voiture pendant que nous préparons le bateau pour la dernière ligne droite. Nous découvrons les spécialités pâtissières de lîle. Nous faisons deux tours de voiture en fin d’après-midi pour rejoindre Santa Barbara où est organisée une Tourada à corda, spécialité de lîle puisqu’il y en a plus de 200 organisées chaque année. Le principe est simple, on lâche des taureaux dans les rues et les plus hardis vont le défier. le but est de plus toucher la tête. Il y a 4 taureaux lâchés les uns après les autres et chaque taureau est attaché par une corde que retient quelques gaillards afin d’éviter que le taureau ne se volatilise dans la nature… Tout le monde peut venir assister à la Tourada et il est autorisé de rentrer dans les jardins des habitants ou de s’installer sur les murs. Bien sûr, si vous demandez l’autorisation, c’est mieux vu. Nous avons vu quelques compilations de vidéos dans des bars avant de venir, ça peut être chaud voir très chaud il y a souvent des accidents assez grave. Si le taureau vous coince contre un mur…

Nous passons encore une excellente soirée et le spectacle aura impressionné petits et grands !

Nous restons quelques jours de plus afin d’attendre une fenêtre météo favorable pour partir. Daniel s’arrache les cheveux comme nous afin de trouver le bon créneau. Les prévisions changent toutes les 6 heures, difficile de décider quand partir pour cette naivigation de 1300 Milles… Et le golfe de Gascogne n’est pas la moindre difficulté ! Nous décidons finalement de partir le 20 juillet en fin de matinée, non sans fêter cela une dernière fois. Dur dur ! Cette fois c’est vraiment la dernière et nous n’aurons pas loisir de faire la navigation de concert puisque Mariposa file sur St Cast le Guildo et nous sur La Rochelle …

 

Commentaires (2)

  1. laurent

    Zut alors, le dépaysement de vos pérégrinations touche à sa fin et la lecture de vos aventures aussi, à bientôt alors.
    Bon courage pour le retour, ici, c’est dallas avec l’OM et Rebsamen. Mais, je pense que c’est aux antipodes de vos sujets d’intérêts.
    Enfin, c’est juste pour vous préparer mentalement à votre retour!
    Ah si, une sujet d’importance Sébastien, la coupe du monde de Rugby commence en août. A bientôt, pour un Crunch…

    C’est avec un peu de retard, que je réponds, suite à un problème de connexion

  2. matiselie

    il fallait bien quitter les paysages merveilleux pour vous rapprocher tout doucement de la france. vous semblez toujours très à laise avec la plume (electronique) et vos photographies nous évadent totalement. prennez toute l’energie volcanique pour cette dernière étape.
    nous vous embrassons
    emaf

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