Flores, mon amour

S’il est des îles sans âmes, Flores n’en fait assurément pas partie ! Nous mettons pour la deuxième fois les pieds sur ce bout de terre au bout de l’Europe, quelque part au milieu de l’Atlantique, quelque part sur la dorsale, quelque part au milieu de rien. Toutes les îles des Açores sont singulières mais celle-ci a une saveur particulière pour nous, pour moi. C’est en effet de Flores que nous sommes partis fin d’été 2002 (Catherine, Marine, Eric et moi-même) pour ramener à la Rochelle le Chance 37 de Jacques, un ami d’Eric, grand navigateur également. Ce fut ma première grande aventure, pas vraiment une transat, mais plus de mille milles tout de même.

Flores

13 ans après, nous retrouvons donc Lajes das Flores, au même endroit, mais augmenté d’un petit port de plaisance très sympathique mais un vrai piège par Houle de nord-est. Heureusement pour nous, le vent et la houle viennent du sud et nous ne bougeons quasiment pas à couple d’Anao. Il faut dire que le port est très petit et que nous ne pouvons pas faire demi-tour à l’intérieur… Donc on rentre en marche avant et on sort en marche arrière… Pour le moment, pas question de sortir, nous arrivons tout juste, accueillis de bon matin par Pti-Ket et Anao. Quelle joie de les retrouver tous les sept ! Les p’tits matelots d’Anao sont en pleine forme et Tanguy nous accueille en poussant un « espèces de Romains!!! » tonitruant épée en mousse à la main, secondé par Pilou, qui a grandi depuis la Martinique. Nous avons quand même réussi à ne nous croiser qu’une seule fois en cinq mois aux Antilles avec Anao… Donc les retrouvailles sont géniales. Nos pti-ket, nous les avions quitté à Marigot après de nombreux moments ensemble et ils ont réalisé une grande odyssée pour venir ici : 26 jours et 2630 milles parcourus là où nous avons fait le même parcours en 17 jours et 2150 milles parcourus. Les pauvres sont partis avant nous avec une météo pas très heureuse…

Mariposa se réveille doucement au mouillage et vient nous rejoindre en se mettant à couple d’Alioth, un magnifique bateau en aluminium qui revient d’un tour du monde. Le port a des allures de bastion français. Ça et là, quelques belges, anglais, allemands et canadiens. Pour les formalités d’entrée, pas de tracas, on a le temps, les responsables du port sont très sympathiques et l’ambiance est bon enfant, rien n’a changé de ce côté là. Nous croisons très vite André, un ami d’Eric tombé amoureux de l’île il y a longtemps et que nous avions rencontré lors de notre précédent voyage. On se reparle comme si on s’était quitté la veille, le temps n’a pas la même durée ici et ailleurs ! On nous conseille d’aller casser une coûte au restaurant le Beira Mar, ils ont des hamburgers délicieux et des prix tout petits, ça nous change des Antilles.. Un barbecue est organisé le soir sur la plage par les navigateurs, nous y sommes conviés et c’est avec un grand plaisir que nous acceptons. Petit problème d’intendance toutefois, pas grand chose à mettre sur la grille après une transat… Qu’à cela ne tienne, nous filons au supermarché local faire quelques emplettes avec Anao et Pti-ket. Dur ! Le supermarché est situé tout en haut du village à 2 bons kilomètres, après 17 jours de mer, ça fait les mollets !

Très vite, il faut vider le bateau et mettre à sécher un peu tout dehors, l’humidité s’insinue vite partout, donc on soulève les matelas, on sort les couettes, draps, cirés, coussins, bottes, un beau bazar sur le pont. Les enfants, eux, se retrouvent ! Ils jouent, courent, vont se baigner, heureux de quitter enfin la promiscuité du bateau. Le rendez-vous du soir est donc sur la plage, où des barbecues maçonnés jouxtent des tables disposées sous des kiosques, la vue est magnifique sur la plage et la falaise, nous trinquons et échangeons avec ceux que l’on connaît et ceux que l’on rencontre pour la première fois : Marilisa, Oceanus, Alioth et d’autres encore. Nous découvrons les cris improbables des « Cagarros » ou Puffins Cendrés. Quand je dit improbable, c’est que sorti du contexte, impossible de dire que c’est un cri d’oiseau ! Nous vous invitons à écouter ce son particulier en cliquant sur le lien ci-dessous.

Le cri des puffins cendrés, un vrai délire pour nous tous ! Ces cris ne nous avaient pas marqués lors de notre précédente visite.

La soirée s’éternise malgré notre fatigue liée au quarts. Guillaume, le capitaine de Marilisa, et son équipage Normand, nous fait profiter du Calvados légué par sa grand-mère. Je crois qu’il nous a tous délesté de quelques neurones… Retour aux bateaux difficile et lendemain compliqué, les filles se sont levées pour le départ de Pti-Ket vers Horta, nous, on les a ratés…

Nous cherchons à louer des voitures pour partir en excursion sur l’île. Le port étant plein, tout le monde veut sa voiture et réussir à en avoir 3 simultanément relève de l’exploit (Anao, Mariposa et Méléos). Cléo et Louise mettent à profit cette journée off pour commencer leur peinture sur le quai du port. Tradition oblige, chaque navigateur laisse une trace de son passage sur les quais des ports des Açores…

File rouge culinaire de cette aventure, nous avions acheté à St Martin avant de partir 2 reblochons, ils commencent à être bien faits à présent, on n’ose plus accéder à la partie du frigo ou ils étaient stockés, c’est donc soirée tartiflette avec nos amis, une coupe de champagne pour fêter ces deux transats s’imposait (merci aux fournisseurs du Ruinard!).

Nous organisons pour le mercredi une randonnée vers Ponta Lopo Vaz. Randonnée courte mais avec 200m de dénivelé. Le départ étant à 3km du port,  nous y allons à pied. Éric sur Anao réussi à avoir une voiture ce qui lui permet de déposer les petits et Chanig au départ et de filer ensuite récupérer sa pompe à injection sur Santa Cruz. Magnifique randonnée avec un aménagement  fantastique pour descendre de la falaise vers la plage de galets qui est en fait un éboulis de celle-ci. Nous pique-niquons en bas et après avoir réalisé quelques cairns selon ce qui semble être la coutume locale nous entamons la remontée. S’il a fallu aider un peu Pilou à descendre (un peu) et à monter (beaucoup), Tanguy a été exemplaire et courageux jusqu’au bout. Les enfants et les adultes sont un peu cuits en haut et c’est le moment que choisi Eric pour revenir avec la voiture. Le convoyage retour des enfants est un peu border-line dans la Fiesta mais ça rentre et il y a très peu de trafic sur Florès.

Nous réussirons à avoir deux voitures de plus pour les jeudi et vendredi. Après les ravitaillements et autres joyeusetés, nous partons le jeudi avec Mariposa et Anao en excursion vers Santa Cruz, Eric ne fait encore pas parti de la fête puisqu’il remonte sa pompe à injection. Nous pique-niquons dans la zone des piscines naturelles d’eau de mer aménagées. Il y a pas mal de méduses dans les  bassins, amenées par le courant et les vagues, elles se retrouvent prises au piège. L’eau est fraîche et la baignade vivifiante, fini les Antilles et l’eau à 27°C. Pas simple d’éviter les méduses, mon dernier plongeon sera celui de trop et un filament me frôle le cou. Un peu brûlant mais pas douloureux. Un groupe de jeunes arrive alors et découvre une Physalie dans le bassin, là on ne rigole plus, l’épuisette est sortie et la bestiole sacrifiée sur un rocher…

Après le déjeuner, petite visite rapide d’un musée tout neuf et pas très garni et nous filons admirer les caldeiras de l’intérieur de l’île. Chanig ayant déjà fait la ballade avant notre arrivée, nous gardons le Maël d’Anao avec nous. Trois CE2 dans la voiture et trois pipelettes, Lucie et Eléa s’appellent Dupond et Dupont, même en marchant ça bavasse ! Nous croisons sur une des caldeiras nos voisins américains, à couple de Mariposa, avec lesquels nous faisons plus ample connaissance. Éric, le notre, s’aperçoit qu’il a égaré son téléphone portable quelque part, fouille de la voiture et nous retournons sur la zone ont nous nous étions allongés dans des canapés en mousse. Bingo, il est resté à la place d’Eric. Nous partons ensuite en voiture longer la côte ouest de l’île pour finalement boite un verre et manger une glace (pour les enfants) sur la place du village de Fajazinha. Retour sur Lajes et bon repas au Beira Mar car le lendemain nous attend une longue randonnée.

Eric a réussi à organiser la randonnée du vendredi avec Marilisa. Michel, un de leur équipier ne peut pas marcher de longues distances, ils se proposent donc de faire un transfert de voitures de manière à ne faire la randonnée que dans un sens, quelle bonne idée ! Nous partons donc tous ensemble vers le nord de l’île, vers Ponta Delgada. La vue sur l’île voisine de Corvo est magnifique et nous faisons quelques haltes pour admirer le paysage. Les Pti Anao en profitent pour engagé le combat avec Loïc, vite débordé…

Une randonnée à couper le souffle, un dénivelé balaise et des points de vue spectaculaires. Tous les ingrédients sont réunis, même un peu d’angoisse quand il nous faut rattraper les 3 CE2, peloton de tête, qui galopent devant le groupe étau et la voiture balais. Quand je décide de les rattraper pour les stopper, je ne pensais pas qu’ils auraient plus d’une demi-heure d’avance…

Récompense ultime de cette randonnée, nous pouvons nous baigner au pied de la cascade de Faja Grande, les plus intrépides plongent du haut de la falaise à 5m environ, Guillaume est le plus intrépide et tente des sauts vers 6/7m. Il est temps à présent de rentrer pour préparer le dernier barbecue collectif, nous avons en effet décidé de partir le samedi pour Horta, afin d’être sûr qu’Eric ne rate pas son avion retour du lundi. Encore une soirée magnifique, rendue seulement compliquée par le Calvados…

Eric et Cléo terminent leur peinture le matin et nous larguons les amarres en premier direction l’île de Faial et le port d’Horta, 130 milles d’une navigation principalement au moteur faute de vent. Les adieux à Flores sont curieux, quand reviendrons nous ? Nous ne le savons pas, mais cette île est si paisible, les habitants si accueillants, vraiment un paradis accessible depuis l’Europe. Mais ne vous trompez pas, c’est l’été ! André nous a dit qu’ils avaient enregistré plus de 230 km/h de vent certains hiver… Pas simple d’être isolés dans ces cas là….

Commentaires (9)

  1. canuard michele

    Marilisa est bientôt arrivée aux scilly! à fond à 8kt!ils se relaient à la barre! guillaume est toujours à fond! son irridium: 881631628708 canuard@skyfile.com ils comptent être à cherbourg vers le 14 juillet. bon retour. Michèle.

    1. Voilier Méléos (Auteur de l'article)

      Merci, nous leur envoyons un message de ce pas !
      Bonne journée

  2. Laurent

    Bonjour, les Méléos, ici, il a fait chaud. Il y a une pointe d’envie en vous voyant plonger dans des eaux limpides. Merci, pour les photos.
    Au fait Sébastien arrête le projet d’aménager les paysages. Je te conseille d’écrire des livres avec des photos de paysages naturels que tu as magnifiquement photographié et un guide de restaurant des îles.
    Vous pourriez rédiger aussi des annexes, avec les anecdotes ! Présentation à JBC

    Proverbe marin :* je n’ai pas osé mettre un proverbe Breton :
    les mots s’oublient mais la beauté des paysages que l’on croise est éternelle !

  3. canuard michele

    bonjour, moi aussi je vs suis depuis le début! très belles photos de Florès où je peux voir mon fils guillaume l’intrèpide!! ils sont à 2jours des scilly à fond 195 miles en 24h!!bonne fin de séjour qui doit être plus calme que Florès!! bon retour et bon courage pour la vie sur terre!!

    1. Voilier Méléos (Auteur de l'article)

      Bonjour,

      Ravi d’avoir des informations de Marilisa, ont-ils une balise pour les suivre ou un numéro iridium pour leur envoyer un message ? La hauteur du saut à Faja Grande étant proportionnelle à la taille du sauteur, il est finalement assez raisonnable (c’est un sacré gaillard, et un excellent marcheur)… Pas sûr que les autres îles soient plus sages que Flores…
      Amitiés
      les Méléos

  4. Roger et Claudine

    Bravo les Meleos et merci pour vos magnifiques photos et commentaires toujours aussi délicieux .Nous attendions avec impatience de vos nouvelles ,il nous reste plus qu’à vous souhaitez une excellente fin de séjour sur Flores et surtout d’en profitez un maximum . Bon vent et bon retour sur la Rochelle .Bises à tous des goulai nais. A bientôt .

  5. Nathalie B

    Très beau reportage. Depuis plusieurs mois je vous lis ainsi que Pti Ket, Moussepic, Maripossa.
    Bon retour à la Rochelle.

  6. matiselie

    bonjour à vous
    Ce qui est toujours agréable est que où que vous soyez, il y a des gens autour de vous. la sensation que cela est une vraie récompense pour vous.
    pouvez vous nous dire quand comptez vous arriver sur le sol français ?
    nous vous embrassons
    emaf

    1. Voilier Méléos (Auteur de l'article)

      Toujours dans les premiers à réagir les Illouz ! Vous êtes en manque ? Avez-vous remarqué que nous avions mis en ligne un nouvel article sur la transat retour en remplacement de la précédente ?
      Pour répondre à votre question sur notre retour, nous allons faire notre possible pour arriver à La Rochelle le samedi 1er Août en début d’après-midi (gros coeff de marée et marée basse vers 12h). Il est un peu trop tôt pour avoir les données météo, nous affinerons la semaine prochaine pour vous donner notre date de départ de Terciera. Nous venons d’arriver à Sao Jorge et allons travailler cette semaine à l’article sur Faial.
      Grosses bises.
      Les Méléos

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