Transat retour St Martin – Flores

Jeudi 28 mai 11h : jour du grand départ. Dernieres courses de frais et de pain, dernier plein d’eau, derniers rangements… Nous voilà fin prêt avec Mariposa pour la transat…. Il faut dire qu’après 5 jours de marina, le bateau est nickel, Merci beaucoup à Mie-Cath et Eric pour leur aide précieuse.

Nous larguons les amarres aidé par Catherine qui rentre en avion, suivi par Mariposa. Gros pincements au cœur de laisser Mie Cath à terre… Nous la reverrons dans 2 mois à La Rochelle…

A la sortie du port, nous remarquons que le téléphone de MieCath est resté sagement dans le bateau… Demi-tour, en espérant qu’elle n’est pas déjà partie prendre un taxi…. Ouf elle nous attend sur le quai… Opération portable réussi… J’ai l’impression qu’elle a du mal à nous quitter…

Ça y est enfin parti… Grand voile haute et génois, bon plein, 20 noeuds de vent  tribord amure… On glisse bien…. Le Dauphin de Marigot vient nous dire au revoir, pendant que Mariposa pêche une belle bonite… Nous aussi nous mettons la traine, mais rien… A part des sargasses comme d’habitude…

2100 miles pour rejoindre les Açores …. Soit 3 semaines de grand bleu… Ça laisse rêveur…  Et ça sent la route du retour… Dur, dur pour l’équipage de laisser les Antilles derrière nous… Nous y avons passé d’excellents moments, découvert de magnifiques iles et fait de belles rencontres… Nous partons avec des souvenirs inoubliables…

Mais notre aventure n’est pas finIe, encore deux mois de voyage …d’abord la transat… Puis les Açores … Et notre retour en France…. que de bons moments en perspective!!!

Ça y est enfin parti… Nous allons rejoindre les bateaux copains partis avant nous et encore en pleine mer : Hobo, Pti Ket, Trezou Gwenn, Neve, Lucy, Anao, Akhal Teke, Eoliane … Et nous avons tous rendez vous chez Peter’s le 22 juin sur Horta.. Ça va être quelque chose…

Il la fallu au moins 4-5 jours pour que l’équipage soit en forme et prenne ses marques… Maintenant , tout va bien.. Il faut dire que le bateau est plus stable… Cléo nous a fait hier une tarte aux pommes…

Ce qui est vraiment sympa, c’est de jouer au chat et à la souris avec Mariposa. Nous avons décidé de naviguer à vue, ou au moins à porter de VHF. C’est vraiment rassurant, sécurisant et amusant de pouvoir échanger entre les 2 bateaux. Meteo, garde robe, route, repas, forme de l’équipage, jeux, recette de cuisine, blagues, charades, pendu… Tout y passe… Mariposa a pris un routeur et nous nous avons Daniel, qui nous route depuis la terre… Nous pouvons comparer les 2 routages, qui coïncident souvent… Le routage de Daniel est toutefois plus précis et les informations qu’il nous communique plus personnalisées. Ses encouragements et les scores de Roland-Garros sont les bienvenus.

Vendredi 5 juin, 6 h… Magnifique lever de soleil, enfin les nuages se dispersent … Je suis de quart seule. Vent 15-20 noeuds, on avance à 4-5 noeuds à 50-60° du vent, la mer s’est calmée … Enfin… Là c’est le pied… Il faut dire que nous avons eu une semaine assez mouvementée… 25-35 noeuds de vent en permanence, avec une mer très hachée, courte et de nombreux grains, une vrai mer casse-bateau. Du coup, le bateau a bien avancé sur l’orthodromie mais beaucoup tapé dans le vagues. C’était désagréable, à la limite du supportable, et les deux capitaines ont échangé beaucoup à ce sujet à la VHF, abattre et faire du Nord ou rester sur la route en attendant l’accalmie… Heureusement, que nous ne faisions pas du prés serré.

Mercredi 3 juin, Séb constate depuis l’intérieur du bateau que la bas-hauban tribord a commencé à lâcher. Il se détorone sur sa partie haute en dessous du sertissage de la chape en inox. Ce câble inox de 10mm est constitué de 19 brins (1+6+12 torsadés en partant du centre) et 5 brins extérieurs ont rompu du fait des secousses du bateau. Hors, nous naviguons tribord amure et c’est le côté qui est en tension ! Il faut absolument assurer cette fonction de maintien latéral du mât ou nous risquons le démâtage. Séb monte donc au mât au niveau des premières barres de flèches, pour scotcher le hauban et éviter qu’il ne se détorone davantage et, avec Eric, cogitent à un système de fixation par des drisses pouvant assurer le mât en cas de casse du hauban. Seule contrainte, ne pas faire le tour du mât, sinon impossible de monter ou descendre la grand-voile… Nous décidons de brêler une drisse de 12mm autour des barres de flèche au ras du mât et de faire un palan pour souquer cette drisse doublée en pied des cadènes de hauban. On réfléchit un peu à fond avec Eric, objectif double, ne rien faire de destructif et il faut que ça soit du solide (pas question pour moi d’abîmer le mât). Ça chauffe dur sous les cafetières… Nous renforçons cette double drisse par une autre double drisse prise sous la ferrure de bas étai. Nous voila donc avec une réparation souple (c’est de la drisse) mais fiable après quelques séjours passés dans le mât sous voile et moteur pour limiter l’effet des vagues (j’ai tendance à faire un peu l’essuie-glace là-haut).

Compte-tenu des prévisions météo allant en s’améliorant, nous décidons de continuer vers les Açores, faire demi-tour ne nous aurait pas forcement rendu service compte tenu de notre position. Nous informons Daniel, notre routeur de cette nouvelle donne. Nous risquons de finir le trajet tribord amure et sous voilure un peu réduite afin de limiter la sollicitation du gréement. Dilemme à bord : devons nous prévenir nos familles à terre ? À bord, tout le monde va bien et nous décidons de ne pas les inquiéter pour rien, il reste encore 2 semaines de mer et je suis sûr que certaines auraient paniquées pour pas grand chose. Mariposa accepte de nous accompagner sous voile réduite, nous les en remercions vraiment, c’est un grand confort pour nous de les savoir à proximité de Méléos.

Lundi 8 juin, le vent est maintenant bien moins soutenu, la mer s’est adoucie et il reste la longue houle. Nous décidons avec Eric de remplacer les hauban défectueux par de la chaîne de 10mm en acier galvanisé par le biais d’une grosse manille de 10mm faisant office de crochet au niveau du mât. Nous avons hésité longèrent à inverser les 2 bas-haubans, mais cela suppose de ne plus en avoir à un moment donné… la perspective ne nous enchante guère ! Après de longues cogitations nous voila donc avec un hauban qui semble plus solide et nous conservons les drisses en sécurité. Nous prenons confiance et envoyons par petit temps, grand-voile haute, spi asymétrique et même le génois tangoné simultanément. Pas très orthodoxe, mais ça porte et nous filons toujours entre 4 et 6 noeuds. 9 juin, fin d’après midi, le vent est tombé et nous subissons la houle. Nous décidons de remettre toute la grand-voile et d’appuyer au moteur quand nous entendons un grand bang sur le pont. Le hauban-chaine est tombé et le mât commence à faire l’essuie-glace ! Branle-bas de combat : on descend la grand voile, on met la bôme sur tribord et on stabilise très vite le tout ! Grosse poussée d’adrénaline ! Cette fois, pas le choix, il faut remonter très vite dans le mât pour décrocher le reste de notre système par chaîne et réinstaller le hauban abîmé. Nous renforçons ce dernier pour qu’il soit le plus efficace possible et terminons en début de soirée le travail. Ça sera nuit au moteur pour nous remettre de ces émotions. Pour nous réconforter, nous savourons les Iles Flottantes préparées par Séb dans la journée…

Nous décidons le lendemain de remettre un deuxième palan et drisse en double autour des barres de flèches, on n’est jamais assez prudent … et il nous reste de la route à faire. La petite vie de transat se réinstalle et nous profitons toujours de crépuscules exceptionnels, de séances photos avec Mariposa, d’une baignade en mer collective par 4500m de fond, des quarts de nuit et d’une cuisine qui s’améliore avec le retour du beau temps.

Pour les quarts, nous avons gardé la même organisation depuis le début. Je commence vers 20/21h avec Eléa pour une premier quart Tex Avery, installés en cirés dans le cockpit, nous regardons quelques vieux Droppy et compagnie. Notre deal était de 3 dessins animés avant d’aller se coucher pour Eléa, je me fais souvent avoir pour 2 de plus… Ensuite, films, podcasts d’émissions de France Inter (3D de Stéphane Paoli, la tête au carré de Mathieu Vidard) ou musique. L’absence de pluie est profitable, nous effectuons un Check complet (visuel, AIS, contrôle des voiles et de la route) tous les quart d’heure. Je cède la place à Eric vers 1/3h du matin selon ma fatigue et il passe la main à Marine vers 5/6 heure. Les nuits étant plus courtes, nous avons le privilège d’observer les crépuscules tous ensemble, Éric réveillant Cléo pour les aurores.

La température, bien qu’ayant fortement diminuée, reste agréable. La douche à l’eau de mer est par contre un vrai supplice ! 21°C, c’est n’est plus le 27°C des Antilles…

Les prévisions météo changent tous les jours… Alors que nous nous préparons psychologiquement à l’idée de finir au près cette transat, un changement intervient et nous resterons au portant jusqu’à la fin. Quel soulagement ! Nous instituons avec Mariposa « la chanson du jour », chaque équipage ou équipier devant chanter à la VHF une chanson de son choix ou de sa composition. Quelques chansons sont exceptionnelles et si des gens nous écoutent sur le canal 72, ils doivent nous prendre pour des fous !

La veille de l’arrivée sur Florès, nous donnons à Mariposa son bon de sortie. Ils rongent leur frein depuis plus d’une semaine en naviguant comme nous sous-toilés, il est grand temps pour eux de prendre du plaisir ! Nos routes se séparent donc puisque nous décidons de faire un peu plus d’est qu’eux. Ils atterrissent à Flores 4 heures avant nous et doivent mouiller dans l’avant port pour dormir un peu. Nous arrivons quand à nous vers 7h30, et rentrons dans le port directement pour nous mettre à couple d’Anao, qui nous accueille avec Pti Ket. Mariposa nous rejoint un peu plus tard et nos retrouvailles à terre sont émouvantes. Tout c’est bien passé pour tout le monde, nous aurons mis 17 jours et quelques heures pour parcourir 2150 milles (2100 milles pour la route directe), Pti Ket a battu tout le monde : 27 jours et 2630 milles !

 

Ce soir c’est barbecue sur la plage jouxtant le port avec tous les bateaux présents à Florès. Le port est minuscule et l’ambiance fantastique. Ce petit port n’existait pas lorsque nous sommes venus la première fois il y a 13 ans mais la convivialité des habitants de l’île est restée intacte. Nulle doute que nous allons nous plaire ici !

Notre transat retour 2150 Milles parcourus pour 2100 sur l'Orthodromie

Notre transat retour 2150 Milles parcourus pour 2100 sur l’Orthodromie

Commentaires (12)

  1. Nathalie B

    Bel article c’est toujours un plaisir de vous lire. Bon retour à La Rochelle.

  2. steph

    Oh mon Dieu! !! Vous avez retrouvé Wilson 😉
    Super recit comme d’habitude.
    Gros bisous et profitez bien !
    Ps: vu la chaleur aujourd’hui, je me dis que vous avez du apporté le soleil avec vous ?!!!!
    Les Mayennais

  3. Noelle

    Bravo pour votre courage.
    Triste que cela se termine. Vos excellents récits et vos magnifiques photos vont nous manquer.
    Prenez soins de vous pour la fin de votre aventure.
    Biz à toute la famille
    Noëlle

  4. Charles Hamelin

    Bravo pour cette étape difficile. Bordez le foc à contre pour rester encore un peu plus!
    Nous serons très heureux de vous retrouver prochainement mais vos récits et reportages photos nous manquerons.
    Bon vent et belle mer pour boucler cette superbe aventure.
    Nous vous embrassons.
    Charles et Isabelle.

  5. Laurent

    Bravo pour le retour, j’ai toujours un haut le cœur suite à une petite mer du coté de la Bretagne Nord.
    Bonne idée pour la JBC, je suis pour, pour la conférence, mais aussi pour prendre un verre.
    A bientôt.

  6. KURTZ sandy

    Bonjour l’équipage MELEOS !!

    Bientôt la fin de votre aventure !!
    Nous pensons que vous allez mettre quelques freins à l’avant pour essayer de gratter quelques jours en mer !!
    Contactez-nous (par email si connexion ou tel: 0675121640) dés que vous serez juste avant les îles Olérons et Ré !! afin de vous voir arriver sur La Rochelle !! nous serions heureux de discuter avec vous (pour enrichir d’expérience pour notre projet)et de visiter MELEOS sur LA ROCHELLE.
    BON VENT A VOUS !!!
    Mr KURTZ

  7. Sosyl

    Coucou les Méléos. Nous sommes content de vous savoir bien arrivé et que ca se soit bien passé malgré les difficultés rencontrées. Vous pouvez être fier de vous, peu de gens pourraient le faire. Bonne continuation aux Açores.
    Bisous à tous.

  8. Des Meignannais

    On scrutait le site depuis plusieurs jours, impatient d’avoir des nouvelles…
    Bravo !
    Est ce qu’on réserve la salle JBC pour une conférence ?
    Patrick et Annie

  9. laurence Kimmel

    C’est magnifique ! Je regarde mon « transat » d’un autre œil depuis que je sais ce que c’est qu’une transat, une vraie !
    Toutes les belles images de voyage me manqueront… mais vous nous raconterez !!!

    Bises

    LK

  10. matiselie

    Whaouh…Vous vous rapprochez de nous. Etes vous bien prets pour cela? Les esprits terrestres se sont ils rapproches de vous? Faites une pause bien meritee.
    nous vous embrassons.
    emaf

  11. ronan

    bravo,
    bon séjour à Florés !

  12. Les W-alter

    bravo !!! on pense bien à vous et ceux qui vous entourent …
    On change notre programme et on sera aussi aux Acores en juillet . C’est la Méditerranée qui nous attend l’année prochaine.
    j’ai aussi adoré l’article sur les lectures , livre et libre sont si proches , n’est ce pas ?
    Bises à vous tous
    sandrine and Co

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