Guadeloupe – l’île aux belles eaux

Karukera, Calédonie, Ouessant, vierge des mers, toutes seules, tout le temps …

Vous c’est l’eau, c’est l’eau qui vous sépare, et vous laisse à part …

Vous aurez reconnu Voulzy et bien nous y voilà donc à Karukera, l’île aux belles eaux, la Guadeloupe.

Après avoir tiré deux bords et s’être un peu fait secoués par la houle et la mer du vent qui lève de belles vagues le long des côtes, nous embouquons le chenal d’entrée du Petit Cul de Sac Marin vers Pointe à Pitre en compagnie de Florence et Marco, même pas peur ni même malade malgré les rafales à 30 nœuds. Une tortue de bonne taille nous salue dans le chenal et nous sommes accueillis par le dragueur Pedro Alvares Cabral, impressionnant navire face à un Méléos de 44 pieds… Nous sommes pris en charge rapidement en arrivant à la Marina Bas du Fort, en bout du quai Michel Malinowski… C’est que nous arrivons dans l’antre de la Route du rhum ! Les portraits des vainqueurs de l’épreuve s’alignent sur les murs de la capitainerie !

Formalités réalisées, nous découvrons des enfants sur le ponton en compagnie des filles, il y a quelques connaissances puisque Feldoë est au port ! Nous les avons croisés la première fois à la Rochelle, peu de temps avant notre départ… C’est sympa de les trouver ici ! Nous retrouvons également Hobo qui est ancré à l’extérieur de la Marina dans le mouillage de Carénage, quel plaisir de les croiser à nouveau !

Un peu de rangement à bord, quelques courses et nous allons pouvoir savourer une douche chaude à terre… Ce n’est pas que nous manquons d’hygiène à bord, mais pouvoir laisser couler l’eau sans compter, et chaude en plus, c’est un luxe que nous avons oublié, la dernière douche à terre, c’était en Martinique il y a plus d’un mois…

La Marina est très agréable et de nombreux restaurants sont alignés en fond de baie. Nous en choisissons un pour notre dernier repas en compagnie de Florence et Marco qui nous quitterons le lendemain. Nous avons le plaisir d’accueillir à notre bord le lendemain matin des amis de Catherine, Annie et Gérard, qui sont en vacances sur l’île et suivent notre aventure, prendre un verre à notre bord, c’est partager un peu de notre quotidien. Florence et Marco nous quittent dans l’après-midi des souvenirs pleins la tête et nous avons une semaine devant nous en famille avant de recevoir mes parents.

Sept mois déjà depuis notre départ ! Ils sont à la fois impatients de nous rejoindre mais c’est une nouvelle expérience pour eux (la vie à bord d’un voilier) et ils ont quelques appréhensions…

Nous revoilà donc parti pour la semaine d’école, ménage, lessive, bricolage, pleins d’eau, d’essence, de gaz, et de site internet. Enfin nous pouvons disposer d’un wifi qui fonctionne. Notre position en bout de ponton ne facilite pas le débit et nous passons donc nos soirées assis à l’extérieur de la capitainerie pour mettre à jour le site et télécharger les photos.

La liste de bricolage était correcte mais notre gazinière, pas toute jeune certes, mais très fonctionnelle jusqu’à présent rend l’âme. Diagnostic rédhibitoire, le circuit inox d’alimentation en gaz du four est percé et des flammes sortent par l’arrière du four quand on l’allume. Pas question de jouer avec le feu… Nous voici donc en quête d’un nouvelle gazinière que nous trouvons chez le shipchandler de la Marina. Gloups, ça pique un peu ! Quitte à changer, autant refaire une beauté au caisson qui l’accueille, et c’est parti pour deux couches de laque blanche, on mange froid pendant deux jours avec cette histoire…

La Marina est un lieu d’échange et de rencontre, nous faisons ainsi connaissance d’Olivier et de sa fille Oana sur Chioubouloute un Jurançon, plan Harlé également, de Patrick et son épouse sur Vitamine, un autre feeling 446, de Speedy (Sun Kiss 47), de Gemounda (Sun Magic 44) et leurs équipages. Ajoutons à cela pour notre plus grand plaisir Carine et Quentin de P’ti Ket qui nous reviennent de Marie-Galante et notre semaine aura été très courte.

Nous goûtons également pour une nuit le mouillage de Carénage, nous sommes invités à bord de Hobo pour déjeuner. Le mouillage est très calme malgré les passages incessants de Pedro le dragueur, qui passe très très près de nous. Les seules vagues qui nous font rouler un peu sont celles des vedettes rapides Inter-îles. Nous sommes au premières loges pour voir passer les paquebots ! Christelle nous a cuisiné un excellent repas bien de chez nous, confit de canard et petits pois ! Simplement divin ! Magnifique repas sur Hobo ! Nous échangeons films et musique et regardons en famille un Pirate des Caraïbes avec les filles dans la soirée. Le lendemain matin, nous envisageons de quitter le mouillage de carénage pour aller rejoindre celui de l’îlet Gosier. Nous devons d’abord dire au revoir à nos hôtes pour qui le retour se fera de manière séparée. Christelle et les enfants rentrant en avion alors que Valéry rentrera avec Hobo. Avant cela, il faut toutefois éviter de se faire tamponner par le voilier qui vient de déraper et qui s’approche lentement mais sûrement d’Hobo. Nous avertissons les gendarmes mais personne ne sait à qui appartient ce voilier dégréé. Nous nous occupons donc de le mouiller à nouveau en arrière de Hobo en le poussant avec l’annexe. Son mouillage ne comporte qu’une petite ancre et une dizaine de mètre de chaîne complété par une amarre, un peu léger pour laisser son bateau pour une longue durée…

Une fois l’opération réalisée, nous nous préparons à quitter le mouillage mais cette fois, c’est notre ancre qui est coincée au fond… Je me mets à l’eau mais dans la vase avec 5m de fond, la plongée pour aller oringuer l’ancre est un peu anxiogène et c’est en suivant la chaîne et en ne voyant pas plus de 20 cm que je parviens à attraper l’ancre qui est coincée dans un ancien plot béton… L’opération nous prend une bonne heure et, en prolongeant l’orin jusqu’au winch, nous arrivons à libérer l’ancre d’un coup ! Quel soulagement ! Un moment, nous avons cru que notre ancre et un morceau de notre chaîne était condamnés … Après la gazinière, ça nous aurait fait un trou dans le budget…

Trop heureux d’être libérés, nous filons au moteur, le vent dans le nez vers l’îlet Gosier où Speedy est au mouillage. Après une demi-heure face au vent et aux vagues, devant le roulis et l’inconfort certain du mouillage, nous décidons de rebrousser chemin et de retourner à la Marina. Sans la plongée, nous aurions peut-être tenté le coup, mais là je suis rincé ! Approbation générale de l’équipage et des filles qui vont retrouver les copains/copines…

De repas en invitations, le lundi d’arrivée de mes parents arrive très vite et nous profitons de la journée pour visiter le golf de Saint François où officie Gilles Hamelin en tant que green-keeper. Je le connaissais et il nous fait l’honneur d’une visite guidée du parcours et une présentation de son travail et de celui de son équipe. Le parcours était dans un sale état, et malgré la rénovation réalisée, il fallait au moins Gilles pour redonner du lustre au parcours et à ses greens ! Matinée souvenirs et apprentissage pour moi (les problématiques sont bien différentes ici, pas de sangliers mais des crabes de terre, peu de chute de feuilles, mais des chutes de noix de coco…). Les filles ont adoré le tour en golfette ! Merci encore à Gilles pour son accueil !

 

Nous filons ensuite refaire un gros avitaillement au pas de course avant de rejoindre en soirée l’aéroport.

Retrouver ses parents de l’autre côté de l’atlantique, c’est quelque chose ! Nous rentrons à la Marina et les laissons s’installer, nous rangeons avec plaisir les nombreuses vivres qu’ils nous apportent : vins, charcuteries, pâtés maisons en conserve … et les cadeaux pour les filles. Une bonne nuit de sommeil se profile pour tout le monde.

Nous avons loué une voiture pour trois jours, nous avons prévu quelques escapades avant de filer vers Marie-Galante. Nous commençons donc par une ballade sur Grande-Terre et filons vers le nord et Port-Louis pour une ballade dans la mangrove vers l’anse du souffleur et une baignade dans l’eau turquoise. Le parcours sur des pontons et dans la mangrove est très varié et magnifique ! La plage au bord de laquelle nous déjeunons l’est tout autant. Quand à la qualité de l’eau, rien à redire. Il devait y avoir des coraux magnifiques ici mais comme dans beaucoup d’endroits, les cyclones, la maladie du blanchiment et la montée de la température ont décimé les fonds. Ça revient un peu, mais tellement lentement que l’on ressent la fragilité de cet écosystème si riche …

 

Nous filons le lendemain visiter Pointe à Pitre et le centre historique, le musée St John Perse puis filons pique-niquer à côté de la cascade aux écrevisses sur basse-terre. L’endroit est curieux car très sauvage en étant pourtant à quelques minutes du bord de la route. Nous profitons pleinement de la cascade après le repas et nous dirigeons ensuite vers Pointe Noire et la Maison du Cacao. Très pédagogique et délicieux. Un petit tour sur la côte sous le vent et Malendure afin de repérer les lieux et nous rentrons sur Bas du Fort. De bien mauvaises nouvelles à l’arrivée puisque nous apprenons le décès des sportifs français en Argentine. Une gerbe a été déposée aux pieds de la photo de Florence Arthaud devant la Marina, rappelez vous, Pierre 1er, la victoire dans la route du rhum, c’était ici.

 

Nous quittons la Guadeloupe pour Marie-Galante puis les Saintes pendants quelques jours et revenons sur Basse-Terre à la marina Rivière Sens. L’accueil est sympathique et nous nous régalons du spectacle qu’offrent les pélicans lorsqu’ils plongent pour attraper leur pitance. Nous louons à nouveau une voiture et partons à la découverte des chutes du Carbet. La deuxième chute n’est visible qu’à distance et le chemin est aisé. Nous décidons de prolonger la grimpette vers la première chute mais le chemin se corse un peu, beaucoup, franchement beaucoup. Un peu rude pour une remise en jambe pour Annie et Lionel qui sagement décident de rebrousser chemin après un quart du parcours. Nous continuons avec les filles en pensant que c’est un peu limite. Nous sommes bien chaussés et heureusement ! Le chemin est classé comme difficile et ça n’est pas exagéré ! La récompense est à la hauteur de l’effort mais le pique-nique sera de courte durée car la brume commence à descendre. Nous retrouvons donc trois heures plus tard mes parents qui ont déjeuné tranquillement en profitant des colibris, orchidées et mangoustes près de l’accueil du parc.

Le retour vers le port est calme, tout le monde est un peu sec…

 

Nous quittons Rivière Sens pour nous diriger vers Malendure et l’îlet Pigeon qui abrite la réserve Cousteau. Nous naviguons sans crainte sous le le vent de l’île mais nous nous faisons « cueillir » par un vent de 30 nœuds sur la zone de mouillage ! Le vent soufflera toute la nuit à plus de 25 nœuds mais la tenue des fonds est bonne et nous pouvons profiter de la plage et des tortues. Nous envisagions de faire une plongée familiale sur l’îlet Pigeon, nous la recevons en cadeaux de mes parents pour les anniversaires à venir. Nous voilà donc partis avec CIP centre de plongée, harnachés, bouteilles sur le dos pour un baptème (Cléo, Eléa et moi) et une plongée à 10m pour Marine (qui à déjà un niveau 1). Magnifique après midi et la sensation est enivrante. Le snorkeling c’est bien, la plongée, c’est autre chose ! Nous avons pu filmer quelques scènes et un photographe sous-marin, Smaty Beghoura, a immortalisé pour nous ces moments. Il faut du beau matériel pour faire de belles photos, il a du très beau matériel, régalez-vous ! Nous finissons la journée par un bon dîner en bord de mer le long de la corniche, repas de fête avant la fin du séjour de mes parents.

 

Nous quittons Malendure après le petit déjeuner pour gagner Deshaies au nord de la côte sous le vent. Le mouillage est relativement bondé et nous mouillons par 13m de fond avec 50m de chaîne. Difficile de savoir où sont les ancres et chaînes des autres voiliers car le vent tourne en permanence dans la baie. Nous nous félicitons d’être arrivés de bonne heure car les suivants peinent un peu à trouver de la place et les fonds tombent ensuite très vite.

Journée Cned et ballade à terre, nous réservons un taxi pour le lendemain afin de conduire Annie et Lionel à l’aéroport car les locations de voiture sont fermées, nous sommes un samedi. L’avion étant en soirée le dimanche, nous quittons Méléos de bonne heure pour visiter ensemble les jardins botanique de Deshaies (l’ancienne propriété d’un certain Coluche!). Grosse grimpette pour se mettre en jambes puis nous visitons un jardin très fleuri avec de nombreuses espèces botaniques. La composition n’est pas aussi travaillée qu’à Balata mais les deux jardins ont leur intérêt et sont difficiles à comparer. Celui-ci nous offre une vue sur la baie et les bateaux aux mouillages en fin de parcours, cerise sur le gâteau !

 

Après un dernier repas à bord, c’est l’heure des au-revoir pour Annie et Lionel, le taxi est à l’heure, et nous ne les reverrons à présent que fin juillet, soit dans 4 mois et un océan à retraverser… Petit coup de blues au retour à bord ! Nous avions décidé de partir dès le lundi matin pour Antigua mais nous décalons finalement d’une journée afin de profiter une dernière journée de cette belle Anse.

Nous partons au petit matin pour parcourir au travers les 40 milles qui nous séparent d’Antigua sous le regard de l’île de Montserrat sur bâbord. Nous n’aurons pas le temps de visiter cette île dont le volcan est en activité et dont toute la partie sud est interdite à la navigation… une autre fois peut-être ?