Après un séjour un peu trop long à notre goût sur Tenerife, nous trépignions d’impatience à l’idée de reprendre la mer. Les fichiers météo n’étaient pas très enchanteurs les jours précédents la réparation, mais le front occlus qui passait sur les Canaries en début de semaine s’évacuait lentement vers le nord, ce qui signifiait pour nous un retour de la situation « normale », à savoir un vent de Nord-Est avec la houle associée. Les fichiers grib annonçaient un départ soutenu avec un vent supérieur à 20/25 nœuds les deux premiers jours de navigation et une houle assez prononcée (jusqu’à 4m), le tout se calmant en avançant vers le sud.
L’équipage est mis au courant de la situation, et en accepte les désagréments (les filles n’ont peut-être pas tout compris …). Nous quittons donc vers la Marina Del Sur après avoir fait le plein aux alentours de 15h le vendredi 21 novembre en compagnie de deux autres voiliers français, Mayreau (Sun Odysee 47 de Claude et Agnès) et Free Lance (Centurion 42 de Gaël et Agathe). Ils font également route vers le Cap-Vert et comme ils ont également vu les prévisions météo, nous convenons de veiller sur la VHF canal 72 et de prendre régulièrement des nouvelles.
Après un départ au moteur avec un vent volage et tournoyant, nous nous faisons « cueillir » comme tout le monde par le Venturi entre Tenerife et La Gomera… On a beau être prévenu, ça fait quand même drôle de passer en si peu de temps de 10 noeuds à 40… Le vent accélère entre les deux îles et lève une mer hachée et désagréable sur un cône assez large. Nous y passerons quelques heures avec une navigation musclée avec 2 ris dans la grand-voile et le moteur pour passer un peu mieux les vagues. Pour tout vous dire, avec la nuit, on n’a pas vraiment envie d’aller faire du tourisme sur la plage avant… Et puis le son de JP est si doux à nos oreilles à présent…
Le même effet venturi se reproduira entre La Gomera et El Hierro, avec un degré inférieur car nous sommes plus éloignés. Ajoutez à cela le fait que la prévision météo était plus que bonne et vous vous retrouvez à passer une nuit avec 30 à 35 noeuds de vent et une mer agitée. Méléos est surprenant de stabilité et de réactions saines. Le pilote barre mieux que nous, on le laisse donc faire. La vie dehors est supportable mais dès que l’on descend, c’est chaud ! Certaines vagues sont croisées et viennent taper le bateau sur ses flancs, se qui provoque des à-coups très désagréables. Malgré tout cela, nous sommes bien… Rectification, je suis bien, les filles dégobillent… Tout au long de la nuit, nous apercevons les feux des deux autres voiliers, et la possibilité de se parler par VHF fait un bien fou.
- C’est parti pour le mal de mer ?
- Toujours des nuages…
- Pas cool à l’intérieur !
- Accalmie…
- Quelques couchers de soleil sympathiques…
- Trinquette et 3 ris
- Il y a de la vague…
- Eléa roupille, le seul remède efficace contre le mal de mer…
- Pas facile tous les jours !
Le samedi, les filles continuent à se vider (reste-t-il encore quelque chose à rendre pour Eléa ?)… Dit papa, elle arrive quand ton amélioration ? Bah, elle devrait arriver demain … Dans ces conditions de navigation, même le « riz-carotte » ne passe pas, et faire cuire le riz relève du parcours du combattant dans la cuisine ! On avait pris un peu de gras sur Tenerife, il fallait bien en perdre un peu. La seule chose qui évite à Eléa de vomir, c’est de chanter des chansons de marin à l’extérieur, drôle de thérapie, mais bon, si ça fonctionne. En ciré et harnais, pour tout le monde, et nous voilà à chanter quelques titres dont nous avons les paroles. La chanson John Kanak nous rappelle de bons souvenirs, celle de l’île d’Yeu (Partons, la mer est belle) également. Cléo s’installe quand à elle pendant 2 jours en mode hibernation dans sa cabine.
Le dimanche, la bascule du vent annoncée arrive enfin, et celui-ci passe du Nord-Ouest au Nord-Est. Il faut un peu plus de temps à la mer pour suivre le mouvement et nous devons encaisser pour quelques jours une mer croisée résultat de la rencontre des vagues du Nord-Ouest et et celles du Nord-Est… Pas cool. Heureusement, les filles avaient préparé un magnifique plat de Lasagnes avant de partir qui nous régale, pas de cuisine à faire et juste à le réchauffer. C’est parfait vu les conditions ! La journée est longue et le vent molli en matinée mais dès la bascule établie, il remonte à 25/30 noeuds. Nous naviguons depuis deux jours avec grand-voile à 2 ris et la trinquette à l’avant. On avance comme des fous puisque l’on avale 150 miles par jour, mais quel manque de confort … Et cette accalmie qui n’arrive pas. Heureusement, au coucher du soleil un groupe d’une cinquantaine de dauphins nous gratifient d’un spectacle extraordinaire. Ils sont tout petits mais arrivent de partout et sautent en l’air en de multiples pirouette, jouent avec les vagues, avec la poupe et l’étrave. Certains sauts font plus de 2m. On arrive à les filmer, dès que le montage sera fait, on l’ajoutera sur le site. Les filles vont se coucher avec des images plein la tête, je prends le premier quart, Marine va mieux et assure des quarts plus longs.
Le vent et la mer resteront stables en force et direction pour les journées du lundi et mardi. Malgré tout, les rayons du soleil nous parviennent et nous font un bien fou. Nos routes se sont malheureusement séparées avec les deux autres bateaux et les distances sont trop grandes à présent pour pouvoir se parler à la VHF. Pendant ces quelques jours, nous aurons traversé un vrai désert, un ou deux cargo en tout et quelques voiliers étrangers qui croisent notre route. Heureusement, côté pêche, ça va bien. En plus des poissons volants que nous ramassons sur le pont le matin et qui en journée nous gratifient de magnifiques vols en bancs, nous ramenons à bord le lundi deux petites daurades coryphènes. Elles sont absolument magnifiques dans leurs livrées bleu/jaune/vert. Nous les achevons au rhum dans le ouïes. Radical ! En plus, une bonne odeur envahie le cockpit ! Elles finiront avec du citron et de l’huile d’olive…
Nous décidons également d’ouvrir un des nombreux cadeaux reçus lors de notre départ. Les filles adorent les cadeaux et l’harmonica pour les nuls nous ravit ! On avait pensé en acheter un avant de partir mais, dans la liste des choses à faire, il avait du se perdre… Nous passons donc l’après-midi à découvrir l’instrument. Merci encore Sophie et Sylvain ! Promis, la prochaine fois, on vous joue un morceau plus évolué que « Frère Jacques » !
- Petite coryphène, mais on la mange !
- …
- Astérix et les bretons…
- Cléo barre pour les prises de ris !
- La famille Dugilet !
- Un peu de répit !
- C’est encore pas les grosses chaleurs !
- Cléo fait sa gym
- Repos en extérieur
- Ouverture du cadeau n°2 de Sosyl
- Yes! On regrettait de ne pas en avoir acheté un avant notre départ…
- Premiers essais
- On fait tourner !
- Au tour du capitaine !
- Les poissons volants récoltés sur le pont le matin.
Le vent et la mer s’accentuent à compter du mardi soir et nous devons constater que notre pilote décroche de plus en plus. Nous barrons pour le soulager momentanément mais avec les vagues, il a du mal à gérer les descentes au vent arrière. Il y a un moment où la vague porte le bateau et ou l’arrière du safran doit déjauger. Le pilote ne comprend alors plus grand chose et nous indique « off course ». On le déconnecte puis on le réenclanche et ça repart… Du moins provisoirement car à partir du mercredi matin, le moteur tourne dans le vide et le vérin ne répond plus. Inspection donc dans le coffre arrière après avoir tout vidé… Quelques traces d’huile, mais rien de possible à faire pour le moment, on verra à terre. Cette nouvelle ne nous réjoui pas particulièrement car elle signifie que nous allons devoir barrer pour les prochaines 24 heures qui nous séparent de Mindelo. Et au vent arrière avec les vagues, ça n’est vraiment pas de la tarte ! Nous laissons malgré tout la traîne et lorsque Marine s’apprête à entamer sa sieste, un beau morceau attaque le leurre ! Après un petit quart d’heure de combat, nous remontons à bord une nouvelle daurade de 80cm ! Elle est vraiment splendide ! Nous levons des filets que nous mettons au frais, on verra ça à Mindelo, pas le temps de cuisiner sans pilote … Nous nous relayons toute la journée et décidons de passer la nuit avec grand voile à 2 ris et le moteur pour avoir une vitesse suffisante pour diminuer le temps de trajet et passer mieux les vagues. Nous enchaînons alors avec une nuit Rock and Roll, faisant des quarts d’une à deux heures les yeux rivés sur le compas pour suivre la route la plus directe possible. Pas la peine de faire du rab !
- Enfin une coryphène digne de ce nom !
- Miam miam
- La bête !
- Fatiguealabarrebis….
- Aurore Cap-Verdienne
- Toujours un peu de mer à l’approche des îles
- Arrivée sur Sao Vicente
- La côte de Sao Vicente
- …
- Un peu de fatigue après 24H de barre à 2
- Les sourires reviennent…
- …
- Au petit matin
- …
- Mindelo, c’est au fond !
Nous arrivons sur Sao Vicente au petit matin et amarrons Méléos au ponton de la Marina Mindelo à 8h30 le jeudi 27 novembre. Nous aurons parcourus 834 M en 5 jours et 18 heures soit une moyenne de 6 Noeuds. Nous aurions pu aller plus vite car nous avons souvent navigué sous-toilé, mais enchaîner les manœuvres, ça devient vite usant en équipage familial, surtout la nuit…
A notre arrivée, Klervi (une copine de Cléo rencontrée à Quinto do Lorde), au mouillage, nous fait de grands signes et Loïc, de Mariposa nous attends pour prendre nos amarres. Les filles sont aux anges de retrouver leurs amis. Le coin à l’air très sympa, la moitié de la Marina est occupée par des voiliers Français, ça nous promet quelques soirée à refaire le monde et à parler navigation !
- Notre trace !
- Baie de Mindelo
- …
- …
- …
- …
Rien qu’à la lecture j’ai déjà le coeur retourné !! Chapeau à tous les quatre !! Cela a l’air très sportif. Pas le temps de se raserBonn plus au vue des photos…. Reposez vous bien à terre. Nous vous embrassons.
Emaf
Sportive la traversée dis donc!
En tout cas, quand on voit votre parcourt, vous avez vraiment été au plus court!
J’espère que le pilote automatique sera vite réparé pour que vous puissiez rejoindre les Antilles pour Noël!
J’espère aussi que le vents vous sera favorable et sans trop de houle! Une petite pensée pour les filles et leurs estomacs bien remués pendant la traversée! (ça me fait penser qu’il faut que je prévoie de mettre des médicaments anti mal de mer en plus du saucisson dans la valise).
La baie de Mindelo est vraiment magnifique.
Profitez bien du soleil et de la chaleur pour nous car ici, ça y est, le froid est là!
Bisous à tous
du rhum dans les ouïes, quel sacrilège!
Pas de panique Edouard, on n’est pas prêt de tomber en panne, et vue la prochaine destination, on pourra manger du poisson tous les jours !
Installation du nouveau vérin de pilote en cours, on espère pouvoir partir vendredi.
Amitiés.
Les Méléos
salut les petits loups. Merci Seb et Marine pour ce blog excelent. super beau voyage avec des photos magnifiques. Seb je suis Méléos maintenant et trouve ce voyage et ces commentaires vraiment extraordinaire.
STP envoi du soleil !!!!!!
laurent et caroline
Bonsoir les cap verdiens
Toujours avec grand plaisir de suivre vos aventures, JP ronronne de plaisir tandis que Bébert « Bernard » le pilote grogne, peut-être le prénom du pilote automatique….. bravo à Cléo qui affronte le mal de mer avec courage et aussi le reste de l’équipage. Bonne pêche et de bonnes nouvelles à venir du Cap Vert.
YES ! Bravo à vous 5 et surtout, merci de nous partager ce que vos yeux voient, ce que vos bras barrent ou pêchent et ce dont vos cœurs profitent… « La Pause Méléos, la meilleure pause-boulot du moment ! » !-) Des bises à vous 5 et 1 de plus pour Cléo-la-Chef !
Bravo à la famille » Dugilet » ! Profitez bien du repos de l’escale.